mercredi 16 janvier 2013

Fumer tue, vivre aussi

Souvenirs d'addiction !


Dans un geste nerveux, il venait d'écraser son paquet de clopes vide...

Dans les spirales voluptueuses de la fumée de la cigarette, qu'il venait d'allumer nerveusement, il imaginait le monde de demain. Ce monde il en rêvait, il le voyait ou du moins il l'espérait.

La fumée lui piquait les yeux, tel le froid vif en hiver lorsque le vent du Nord vient fouetter le visage. Une odeur âcre et enivrante irritait ses narines, lorsque de sa bouche sortait ce brouillard tabagique.
Demain, pourquoi pas maintenant, quand il aurait jeté son dernier mégot, il en était sûr, la vie allait enfin s'ouvrir à lui !
Il ne lui restait aucun souvenir d'avant la cigarette! Il avait, très jeune adolescent, trouvé dans les vapeurs de la clope, l'assurance qui manquait à un enfant trop complexé.
A la dernière très longue aspiration sur sa cigarette, il fermait les yeux et contemplait toute cette "foutue tuyauterie intérieure" remplie de cellules jaunâtres et nécrosées. Combien de temps lui faudra t'il pour se défaire de toute cette suie ? Combien de temps ses artères vont-elles survivre à cette invasion de "sédiments", qui tels les alluvions, se sont déposés dans ses voies "navigables".

Quand il ouvrit les yeux, son mégot lui brûlait déjà les doigts. Il le déposa sur le bout de son pouce pour, avec son index replié, l'éjecter comme avec une catapulte. Le petit fumigène rougeoyant s'envola en tournicotant pour disparaître dans la pénombre du soir.

Cà y est !  Ouf c'est fait !

Il marcha une longue heure en prenant de grandes bouffées d'air, en écartant les bras à l'horizontale, puis en rejetant ces 25 années de purgatoire.
Il regarda sa montre. Vingt heures trente ! Son cerveau tricotait, une maille à l'endroit, une m...., puis il tricotait de plus en plus vite. Son pouls s'accélérait, son coeur tapait fort dans sa poitrine.
Une pâtisserie ouverte, il s'engouffra, il acheta deux pains au chocolat, il n'aimait pas particulièrement, mais à cette heure, le choix était restreint.
Tout en marchant, il avala ses friandises. Il avait soif ! Il marchait depuis plus d'une heure et trente minutes.
Son esprit luttait, son corps réclamait autre chose. C'était la pagaille dans son cerveau en ébullition. Mais qu'est ce que les Curiaces et les Horaces peuvent bien foutre ma sa tête ? disait-il à haute voix.
Il regarda autour de lui, personne, il accoucha d'un grand cri rauque qui le fit tousser bruyamment et douloureusement. Merde ! Il faut que je boive quelque chose !
Il avisa, à environ une encablure, le bistrot sauveur.
En accélérant le pas, il se dirigea vers son malheur.
Il commanda un café et s'assit, son odorat à fleur de narines fit le reste.
Cette odeur âcre et amère lui sauta au visage. Son nez, ses yeux, sa bouche, sa salive tout son corps et plus encore, réclamait sa part.
Le barman lui déposa son café. En sortant sa monnaie de sa poche :
vous avez des gauloises ?
Le garçon : un paquet ?
Oui merci !

Il regarda sa montre, son sevrage avait duré exactement 2 heures et 12 minutes.

L'échec lui donna un énorme coup de blues et la cigarette qu'il alluma lui dessina un visage rayonnant.

Avec son sourire, son slogan favori remonta jusqu'à ses lèvres en même temps qu'il en sortait une magnifique volute bleutée : fumer tue, vivre aussi.

Pensée : si la prochaine fois n'est pas la bonne, ce sera la suivante !

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