lundi 24 novembre 2014

Souvenirs dilués


Dieu que ce miroir est laid !

Quand je le regarde au fond des yeux, je ne vois qu'un étranger. La douloureuse sensation de se "déconnaître", malgré quelques souvenirs en flou omnicolore
Mais qui c'est celui-là ?
Dans le psyché une autre image, juxtaposée, mais féminine.
Á qui sont ces sourires idiots qui troublent la buée de mon miroir ? C'est ma mémoire qui m'interroge, je ne lui réponds pas ! Où suis-je passé ?
Á travers la brume, cet autre visage parle, je vois deux lèvres qui me questionnent : « tu ne me reconnais pas ? ». Mon oreille entend la voix qui dit la même phrase sur un ton de reproche.
Je cherche ! Pourquoi ce vide ?
Avec ma main je frappe ma tête, je vais retrouver les souvenirs comme avant l'œuvre de la gomme qui a effacé les pages moisies de mon histoire.
« C'est moi » me dit le brouillon d'une voix que j'entends.
Et alors ! Je sais bien que c'est moi, je reconnais mon odeur, mon parfum.
Mais qui est moi ? Serait ce celui qui me regarde dans les yeux avec insistance. Il me met mal à l'aise. Pourquoi tente t-il de me terroriser ?
Il a une sale gueule et l'autre aussi, elle me fait peur avec sa tête de gravure de mode millésimée.

Qu'avez vous fait de ma famille ?  On est bien tous ensemble ! Laissez moi passer, je vais les chercher ! On a tout l'avenir devant nous !

Dd

dimanche 9 novembre 2014

Qui suis-je ?

J'ai été, avec le premier sourire, le premier émerveillement de la vie... 
Je vous ai souvent fait trébucher sur le son ou la musique d'une image acoustique. Puis vos oreilles attentives ont gardé le pouvoir de commander la langue.
Avec "maman", "papa", vous êtes devenus orateurs.
Dans les rires,
dans les cris,
dans les pleurs,
j'ai forgé vos savoirs.
C'est dans vos familles, dans la rue, à l'école ou à la télévision, le vécu, le sagesse, tout ce que je vous ai transmis, tout ce que je vous ai appris, ce que je vous enseigne encore aujourd'hui ; à votre tour, autour de vous, vous témoignez.
Si quelques fois, celui qui se dit mon binôme, vous écorche les oreilles, quand il se veut vulgaire ou insultant, n'oubliez pas je peux être envoûtant lorsqu'on me sert châtié. C'est un merveilleux monde quotidien, une des plus grandes aventures de la vie quand on me partage, quand on me comprend.
C'est le plus beau trésor ordinaire, ne le gâchez pas en me martyrisant, en me torturant, en m'utilisant pour calomnier, pour injurier, pour blesser ou pour tuer.
Eh oui ! Qui suis-je ?
Je n'ai jamais eu vocation à mentir, pourtant nombre se servent de ma facilité pour tricher, enjoliver ou enlaidir selon l'usage que l'on veut faire de moi. Quand vous devenez langues de vipères, je ne suis alors que le spectateur de vos fabulations et de vos impostures.
Trop souvent manipulé et détourné, vous ne pouvez cependant pas vous passer de ma compagnie car, que je sois cri ou murmure, je suis celui qui vous donne la parole. Je suis le langage.

Dd