dimanche 26 avril 2015

Les précieuses ridicules : Le retour.

Molière se serait sans doute régalé de la vanité de ces beaux esprits qui nous énoncent des formules absconses qui semblent faire saliver notre ministre de l'éducation nationale.
image Paris Match
Le Conseil supérieur des programmes, accoucheur de ces textes gags censés éclairer les profs, semble avoir fumé la moquette réfléchi en profondeur la formulation chère à Nicolas Boileau qui disait "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement".

A moins d'être totalement hermétique à la langue française, tout le monde peut comprendre cette nébuleuse phrase qui nous demande de "traverser l'eau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête", trop simpliste d'utiliser le verbe nager, et si l'on ajoute "dans un milieu aquatique profond standardisé", on comprend tout de suite qu'il ne s'agit pas de nager dans une rivière, un lac ou en pleine mer, mais dans une piscine, pas n'importe quelle piscine bien sûr il faut de la profondeur. Et là on en a de la profondeur ! Rien qu'en lisant cette phrase vous pourriez vous noyer.

Savourons avec délectation cette petite perle de vanité qui nous invite, en bombant le torse, à "aller de soi et de l'ici, vers l'autre et l'ailleurs" Serait-il possible de faire plus prétentieux pour parler de l'apprentissage d'autres langues ?

Celle-ci a dû leur coûter quelques insomnies à nos sbires du Conseil supérieur, jugez plutôt, il s'agit de "conduire, en milieu naturel ou artificiel, un déplacement rapide, économique, sécurisé". Peut être doit-on comprendre que la ligne droite est le plus court chemin entre A et B à condition de ne pas être ivre comme devait l'être l'auteur de cette vacuité.

S'il vous arrive de vous faire agresser, dans la rue par exemple, l'éducation nationale vous invite à "créer de la vitesse" pour semer les importuns.

Savez-vous ce que signifie "l'élaboration de cartes mentales pour mémoriser, structurer, synthétiser, rapporter"? Est ce que cela pourrait avoir un lien avec le poker ? Je donne ma langue au chat !

Pour en finir avec cette dérive de la langue française je cite ici la réaction à chaud de mon neveu, prof de sport : "moi prof de ballon, moi pas comprendre".

Comme nombre de mes amis, je suis accablé que des gens qui se croient sérieux osent un tel charabia. Sans doute s'agit-il pour ces pédagogues de se persuader de leur haute culture et de leur importance. Que le pouvoir politique avalise leurs excentricités les renforce dans leur présomptueuse arrogance. Ceci est à l'image de Najat Valaud Belkacem, grande spécialiste de la langue de bois, et de son incompréhensible ministère.
Le démantèlement de l'éducation continue par un savant saccage des programmes. En sixième, les classes bilingues et les classes européennes vont disparaître. Le latin et le grec seront supprimés, l'allemand va rejoindre le même wagon. Effectivement ces matières paraissent plus élitistes, elles doivent donc dégager. Nivelons toujours plus bas pour satisfaire à l'égalité dans la médiocrité. Madame la ministre va s'étonner de l'engouement de certains pour l'école privée, mais elle porte sa part de responsabilité dans la dévalorisation des établissements publics. Aujourd'hui, place à l'improvisation façon Debouze, la nouvelle référence de nos politiques. C'est certainement cela la méthode "spiralaire" voulue par nos pédagogues.

Il est grand temps qu'un Gorgibus sensé remettent ces précieuses ridicules à leur place et les fasse disparaître en leur lançant cette apostrophe "Allez vous cacher, vilaines, allez vous cacher".