mercredi 19 mars 2014

Ma sorcière mal aimée

Elle m'a fauché mon balai préféré


La tête prise entre les deux mâchoires d'un étau, la vis qui continue encore et encore à tourner, la mécanique de l'ensemble qui fait des "couic" couic" à chacun des demi-tours de manivelle. Cruelle torture !
Maintenant, je suis bien éveillé et je sais mieux le "pourquoi j'ai si mal au crâne ?"
Ce balai, cette sorcière ! Oui je la vois, c'est bien elle qui chevauche l'instrument fait de bois et de paille. Elle me nargue en ricanant d'une voix si aiguë, que je porte mes mains à mes oreilles pour étouffer la vibration sonore douloureusement stridente qui tente de pénétrer mes tympans.
Mais que fait cette créature, elle était si réelle dans mon rêve, que je me surprends à la chercher du regard. Ou se cache t-elle donc ? Elle devrait être là, dans mon espace visuel ! Pourquoi je ne la vois pas ? Pourtant j'en suis convaincu son faciès me rappelle quelqu'un, mais qui !
La réflexion devient supplice pour mon cerveau. Très lentement, je dissocie mes mains de ma tête afin de les utiliser pour m'aider à m'extirper du lit en douceur.
M.... la journée commence mal !

En avalant mon petit-déjeuner je revois ce balai. Il a une histoire, je me suis donné beaucoup de mal pour un outil si rustique et tout à fait banal. C'est un balai voyageur. Afin d'entretenir le sol de mon garage et de ma terrasse, il a parcouru 8000 kilomètres, passager clandestin dans ma valise. J'ai dû le raccourcir pour lui permettre le voyage sans encombres. C'est pourquoi, il est équipé d'une attelle amovible lui permettant de retrouver sa taille originale.
Aurait-il pris un goût irraisonné pour les voyages aériens pour ainsi s'exhiber, comme une monture volante, entre les cuisses de cette vilaine créature. Celle-ci m'a nargué toute la nuit. Je me souviens de ses cris, sortes de frénésies verbales incompréhensibles, salmigondis de paroles aériennes.
Je me traîne lamentablement toute la sainte journée de fin de semaine. Vers 20 heures, j'allume ma télé et mon regard tombe, ébahi, sur ma sorcière mal aimée. Elle est là ! C'était donc elle mon cauchemar ! Enfin je peux la nommer !
Christiane Taubira vocifère derrière un micro en brandissant des feuilles de papier afin, me semble t-il, de ventiler son auditoire. Je m'approche de l'écran, je me penche, aucune trace de mon balai. Je m'assieds pesamment sur mon canapé dans l'espoir, peut-être, d'assister à une transformation suivie d'un envol au dessus d'un troupeau de moutons, pour finir en s'échappant par la fenêtre béante. Mais rien de tout çà !
Si les rictus et les gesticulations sont bien ceux et celles de mon cauchemar, par contre les paroles sont cette fois parfaitement audibles.
Elle explique avec talent qu'elle n'a aucune idée d'où peuvent provenir les écoutes téléphoniques d'un certain Nicolas dont je n'ai pu ouïr le nom. Elle a l'air sincère, je suis persuadé qu'elle ne le connaît même pas ce fameux Nicolas. J'attends encore, elle va bien finir par évoquer mon balai, voire s'en saisir et nous faire une envolée dont elle a le secret.

Si lui venait l'idée lumineuse de retourner vers son île, alors dans ce cas et dans ce cas seulement, je lui fais volontiers cadeau de mon balai, malgré la valeur sentimentale de l'outil qui m'a déjà rendu bien des services sans jamais rechigner à la tâche.
Alors je regretterai l'ustensile, pas la cavalière.

Dd

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