mardi 3 décembre 2013

Quand conflit est synonyme d'accord



ou le poker menteur


Le contrat de travail

Le 6 avril 2008, Samuel signe un contrat de travail avec sa nouvelle entreprise. A cette époque, fort de l'intérêt porté par son employeur pour son expérience et ses capacités pour ce poste, celui-ci négocie un certain nombre d'avantages non négligeables. En particulier, comme il approche du terme de sa vie professionnelle, une substantielle prime de retraite étalée sur vingt années lui sera attribuée au terme de son contrat, c'est à dire au jour de ses 65 ans. Son parcours professionnel très chaotique, l'oblige à travailler jusqu'à cet âge pour obtenir une retraite quasi complète.

Aujourd'hui, le contrat a été rempli, dans quelques jours, Samuel va atteindre l'âge irréversible.
Il a réussi, tant bien que mal, à maintenir la société qui l'a employé durant cinq ans. Il est fatigué, il mérite sa prime qui s'élèvera à 6000 euros annuels pendant 20 ans, du moins le croît-il !

Mais c'est compter sans la présence dans son environnement professionnel, de Mélanie, la gestionnaire de paye de l'entreprise.
D'après les informations que Samuel a pu glaner, cette petite pétasse fricote avec Jean Louis, un employé lèche-cul opportuniste, toujours à l'affût d'un ragot à propager. Celui-ci a dû aller baver auprès de ses collègues. La rumeur s'est très vite amplifiée. Le directeur-adjoint de la société va partir à la retraite avec un pactole beaucoup trop séduisant de l'avis des représentants syndicaux très impliqués dans la vie de l'entreprise.

Simone, la déléguée du personnel, vient le voir pour lui annoncer, d'un air un peu gêné, que le personnel va se mettre en grève s'il ne renonce pas à cet avantage exorbitant. Il a beau arguer qu'un contrat a été signé, il a respecté sa part, l'autre partie doit  faire de même. Rien n'y fait. Pas de dialogue possible. Le chantage est amorcé. Il doit abandonner ses privilèges, surtout que lui s'en va et que les autres restent.

La discorde

Sûr de son bon droit, Samuel est bien décidé à se lancer dans une épreuve de force. Comment pourrait-on décider qu'un contrat dûment signé n'a aucune valeur ? Il a la loi avec lui et il va faire respecter son droit, ce sera sa dernière bataille professionnelle !

Il est convoqué par sa direction générale afin de statuer sur son cas.
Son patron argumente qu'on ne peut pas mettre en danger la survie de l'entreprise pour satisfaire son seul privilège. Alors que la société n'est pas des plus florissante, il serait bienvenu que Samuel renonce à cette prime qui lui a été promise en des temps beaucoup plus souriants pour l'industrie.
Samuel refuse catégoriquement en arguant qu'un contrat est un contrat, signé par les deux parties et qu'en cas de non respect, il en appellera à la décision des prud'hommes.
Mais dans un contexte très difficile pour l'entreprise, et dont Samuel porte une part de responsabilité, il serait indécent de réclamer l'application d'un contrat susceptible de mettre l'entreprise en péril. Dénoncer ce contrat semble être la décision du patron.
Le dirigeant de l'entreprise, qui n'est pas le seul actionnaire et décisionnaire, en appelle donc à ses pairs pour une décision collégiale.

Epilogue

Le lendemain, un communiqué officiel émanant de la direction de l'entreprise indique que Samuel a quitté l'établissement à l'issue de son contrat de travail avec une seule et unique prime de 6000 euros. Vérification faite par les délégués du personnel, au service comptabilité, tout est en règle, l'honneur est sauf pour tout le monde.

D'après Samuel, que j'ai rencontré :
Le solde de sa prime lui a été versé par la succursale Suisse de la société. Pour Samuel, le contrat est respecté, sauf qu'il touche sa prime en une seule fois et non pas sous la forme d'une rente annuelle. Mais pour lui, peu importe, et même d'après lui cette rondelette somme serait exonérée de tout impôt. Qui dit mieux !
Le patron de la société, que j'ai souhaité rencontrer, n'a pas donné suite à ma demande.


En conclusion, cette fable de poker menteur me fait penser à une galéjade récente.
Où 10+10+10......peuvent faire un total de 7000 ou de 100000 selon qu'on soit compteur ou conteur.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire