lundi 23 décembre 2013

Et pourquoi pas les Hautes Vosges ?

Je crois que cette fable m'a été inspirée par une personne dont j'ai oublié le nom; mais dans un silence flou je revois son prénom : Aloïs !



Après de longues et palpitantes réflexions, suivies de courtes et douloureuses hésitations, de renseignements en repérages, de résolutions en renoncements, me voilà au point de non-retour.
En adulte responsable, soucieux de ma santé et de mon bien-être, je suis enfin décidé, je quitte la pollution pour apprendre à respirer l'air pur des montagnes. Cette fois, la grande décision est prise !

20 juillet

Sous une chaleur étouffante, les déménageurs ont rempli le camion.
J'ai vu perler quelques larmes discrètes sur les joues de ma vieille et attachante voisine.
J'ai partagé un dernier repas avec les voisins venus m'aider à vider l'appartement.

21 juillet

Mon nouvel Eldorado : les Hautes Vosges, plus particulièrement le village de La Bresse.
Six heures du matin, départ du camion pour une "promenade" de quelque 700 kilomètres. Je retrouverai mes déménageurs ce soir au terme du voyage.

23 juillet

Chaque meuble a trouvé sa place ! Je suis enfin seul ! Lever à six heures, le soleil est là, effleurant le sommet de la montagne. Assis sur le balcon, je contemple le paysage. Ce pays est vraiment magnifique, mes yeux rivés derrière les jumelles, cherchent un repère, une curiosité, un chevreuil ou un chamois. Ils détectent un petit troupeau, ce sont des vaches noires et blanches, on distingue le son de leurs cloches. Je sens que je vais me plaire ici !
Le petit déjeuner avalé, j'enfile mes chaussures pour ma première balade de repérage. J'ai déjà pris goût à ma nouvelle vie.

19 septembre

L'été se termine doucement ! Au soleil, la rosée du matin donne une texture étonnante au paysage qui défile sous mes yeux. Les feuilles des arbres, encore bien vivantes, préparent un mélange de couleurs qui va ravir mes yeux jusqu'à leur chute complète.
J'ai noué quelques contacts avec mes voisins les plus proches. Ce matin on m'a convié à une sortie cueillette de champignons. On emmène le pique-nique, on va se régaler, malgré le soleil qui joue à cache-cache avec les nuages. Si la pluie devait nous gâcher la journée, on fera halte au refuge du Collet de l'Etang ou à celui des Champis pour notre petite collation.

10 Octobre

Les arbres ont pris une teinte beaucoup plus uniforme, le soleil s'est fait timide, le gris foncé est devenu couleur dominante. Ce matin, trois chevreuils, sont venus brouter les fleurs de mon voisin. Il est furax ! Comment peut-on avoir la moindre rancune contre des animaux si paisibles et majestueux ?
C'est mon anniversaire et j'ai convié quelques collègues de travail et quelques voisins pour un pot amical.
Malgré le temps exécrable, la soirée a été réussie et bien arrosée. J'ai eu droit au baptême de "l'étranger" : quelques drôles de breuvages qui ne me sont pas familiers. En particulier, les gnôles de toutes sortes de fruits et plantes sauvages dont j'ai oublié le nom. Peut-être en ai je abusé ? Si, si, je me souviens de la gentiane, un goût abominable de terre vieillie, d'ailleurs je la rotais encore le lendemain matin.
Petite précision : par acquit de conscience et surtout pour évacuer tout doute, j'ai, plusieurs fois je l'avoue, re-goûté le breuvage et ma foi je le trouve, euh ! dangereusement viril et aussi dangereusement "goûteux" qu'indigeste.

7 novembre

Le bonnet, le manteau, les gants et les chaussettes de laine ne sont pas du luxe. Tous les matins, séance de grattage des vitres. La voiture proteste vigoureusement a chaque sollicitation de démarrage. Quelques routes piégeuses m'annoncent un hiver précoce.
Ah l'hiver ! Je l'espère, je l'attends avec impatience. Au sol, le matelas n'est pas encore blanc, c'est la feuille morte qui craque sous la semelle. Pour le chasseur d'images que je suis devenu, l'approche du gibier est rendue plus délicate.

22 novembre

Le temps hésite entre pluie et neige, et puis le soir, dans la lueur des lampions et des phares, on voit d'épais flocons traverser la lumière et se déposer doucement sur le sol. Enfin, il neige ! Cette nuit là, mon sommeil fût agité.

23 novembre

Je me réveille très tôt, j'ouvre les volets et....miracle ! Tout est blanc. Féerique ! Je sors, je palpe la neige, la respire, la porte à mon visage, à ma bouche. Je suis aux anges ! Vite j'avale mon café, vite je me lave, vite je m'habille.
Déjà mon voisin s'active à déneiger l'accès qui va de la route à son garage. La neige est lourde et collante, elle se prête bien à la formation de boules. Je commence les "hostilités" et je reçois très vite une volée de boules de neige qui viennent s'écraser sur et autour de moi. Des renforts sont venus des villas environnantes.
Mais il faut déneiger pour pouvoir atteindre la route, ce à quoi je m'attelle, mais la neige colle à la pelle. La tâche s'avère fastidieuse et épuisante et, cerise sur le gâteau, le chasse-neige profite de son passage pour nous doubler la besogne.
C'est anéanti que je quitte la maison à 8 heures pour me rendre au boulot. Pourvu que les routes soient bien dégagées et que la voiture reste docile ! Demain j'irai faire poser des pneus neige !

20 décembre

Après une période pluvieuse, la neige tombe de nouveau depuis 24 heures sans discontinuer.
Je redouble d'efforts, la neige s'accumule, 30, 40, 50 centimètres, toujours plus haut lever la pelle, toujours plus loin jeter la neige.
 Et ce chasse-neige qui nargue. Quand je rentre chez moi le soir, le bourrelet de neige durcie formée par cet enfoiré m'empêche d'atteindre l'accès à mon garage.

25 décembre

Pluie, pluie et re-pluie. La neige boueuse coule le long des routes, marcher au bord de la chaussée relève de l'héroïsme, tant les véhicules vous éclaboussent des pieds à la tête à chaque passage. Joyeux Noël !

20 Janvier

Abondantes chutes de neige ! Marre du blanc, marre de lever les genoux jusqu'au menton pour faire le tour de la voiture. De toute manière, celle-ci ne peut plus bouger, elle est ensevelie. Et l'imperturbable chasse-neige qui s'amuse à faire ses bourrelets.
On a tellement de cette saloperie de neige, qu'ils nous ont envoyé une grosse turbine pour dégager la route. Elle aspire la neige et la recrache dix mètres plus loin, même que cette saleté m'en a mis un mètre de plus sur ma bagnole. Quel pays de merde !

9 Février

Le tapis est toujours blanc, les routes sont praticables, mais il gèle à pierre fendre depuis huit jours et huit nuits. Canalisations du sous-sol gelées, quelle poisse, pas d'eau dans la maison. Le plombier est surbooké, je ne serai pas dépanné aujourd'hui. Galère !

10 Mars

La neige nous quitte doucement pour laisser place à des prés gorgés d'eau, pas un bourgeon, pas une fleur, juste une herbe couchée, comme vautrée dans la boue.
Ce matin, sans que je puisse l'éviter, un brocard est venu s'emplâtrer dans ma calandre. Le salaud est parti en gueulant comme un putois, même pas pu faire un constat. La dépanneuse plus la réparation, çà va me  "coûter bonbon".

1 avril

C'est pas un poisson, je récupère seulement ma bagnole contre un joli chèque et le garagiste me dit qu'elle commence à être attaquée par la rouille. C'est vrai que derrière le chasse-neige il y avait toujours ce moulin à café qui jette du sel du matin jusqu'au soir et tous les jours de la semaine et du mois.
Quelle merde !!!

3 juin

On a eu droit a la période des jonquilles, quand tous les citadins déboulent en fin de semaine pour cueillir leurs bouquets. Les envahisseurs sans vergogne prennent la campagne pour leur poubelle. J'en ai même surpris tentant de garer leur voiture devant ma porte de garage. Imaginez la sérénade que j'ai pu leur jouer !
J'aime pas les doryphores et j'aime pas le jaune.
Maintenant les paysans commencent les foins. C'est la période de prédilection des taons. Encouragés par les vaches qu'ils accompagnent toujours, ils ont pris l'habitude de m'attaquer comme du vulgaire bétail. J'ai l'impression de sortir d'un séance de pose de ventouses.
Et ces vaches qui défilent sous mes fenêtres matin et soir en beuglant et en chiant copieusement. J'en ai marre ! Et puis çà pue !


30 juin

J'ai appelé les déménageurs ! Demain je retourne à Nîmes !

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