jeudi 9 octobre 2014

Quelle ingratitude !


Fidèle à notre vieille amitié de plus de quarante ans, je tentais d'instruire de mon point de vue les carences de Sophie, comme je le fais presque tous les jours depuis notre première rencontre.
J'avais lancé cette conversation un peu comme un jeu. Puis c'est moi qui me suis pris au jeu. Tout d'abord, je lui disais qu'elle était chanceuse de se prélasser ainsi au soleil sans rien faire. Je lui reprochais gentiment de devoir lui fournir tout ce dont elle avait besoin pour survivre.
Tiens ! Parlons-en de sa nourriture : mademoiselle attend toujours qu'on lui serve son repas et sa boisson, alors que sa principale occupation s'appelle "farniente".
En compensation de son oisiveté maladive, je dirais que son estomac a peu d'exigences ; c'est vrai que quelques salades et quelques fruits lui suffisent. C'est sans doute un peu ma faute si elle se comporte ainsi, à l'avenir, je devrai remédier à cet état de fait.
 C'est précisément ce que je lui expliquais patiemment en lui tendant une magnifique figue, que j'avais pris soin d'ouvrir en deux morceaux pour qu'elle puisse la saisir facilement dans son bec. C'est alors que l'ingrate Sophie, ma vieille amie testudo, me tourna le dos avec dédain, en dandinant sa lourde carapace jusqu'à l'intérieur de sa tanière.

Dd

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire